Les microplastiques s'infiltrent jusque dans la faune sauvage en Suisse. Une étude de Greenpeace, qui repose sur l'analyse de crottes d'animaux, débouche sur des conclusions sans appel. Cette pollution touche toutes les espèces et toutes les régions du pays.
Des variations importantes ont toutefois été constatées. Ainsi, plus de 600 particules de microplastique par gramme ont été découvertes dans les déjections de deux sangliers, l'un en Valais, l'autre dans le canton de Berne. Ramassée dans les Grisons, la crotte d'un loup ne contenait en revanche que 7 morceaux de plastique par gramme.
Ces résultats, dans leur teneur générale, correspondent à d'autres études effectuées sur des excréments d'animaux sauvages dans d'autres pays et pour d'autres espèces, relève Greenpeace dans son étude. Des microplastiques ont, par exemple, été trouvés dans des crottes de lapins au Mexique ou des crottes de loutres en Autriche.
C'est l'équipe du docteur Florian Breider, du laboratoire central de l'environnement de l'EPFL, qui a procédé aux analyses. Quinze échantillons d'excréments ont été passés au crible. Les particules de microplastique entre 0,05 mm et 2 mm ont été recensées. Aucun morceau plus grand que 2 mm n'a été détecté.
Un instantané
Greenpeace précise que son étude revêt "un caractère instantané". L'analyse porte, certes, sur un petit nombre d'échantillons, mais elle donne néanmoins "une première indication de la situation en Suisse". Il est "frappant" de constater une présence généralisée de microplastiques dans des prélèvements faits de manière aléatoire.
Outre le nombre de particules, l'analyse en laboratoire livre des informations sur la composition des microplastiques détectés, note le rapport de l'association de défense de l'environnement. Tous les échantillons, hormis deux exceptions, contiennent "au moins 5 types de plastiques" et jusqu'à 10 pour une fouine valaisanne.
Les animaux sauvages ingèrent non seulement des quantités considérables de plastique, mais sont également exposés "à un cocktail de substances différentes". Greenpeace rappelle que les microplastiques peuvent altérer la fonction de certains organes et peuvent contenir des additifs chimiques toxiques.
Greenpeace estime que son étude mériterait d'être approfondie, avec une analyse plus fine prenant, par exemple, en compte la manière de se nourrir des animaux et leur habitat, proche ou éloigné des zones urbaines. L'organisation écologiste appelle en tout cas à des mesures fortes pour lutter contre la pollution aux microplastiques.
Avec Keystone-ATS
Propos recueillis par Marie Vuilleumier